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Vagues de chaleur : des extrêmes sous-estimés


​​Pourquoi les températures maximales se sont-elles élevées, à conditions anticycloniques équivalentes, entre les années 1960 et 2020 ? Cette question est au cœur des travaux d'une équipe du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) qui s'est intéressée à la manière dont ces températures évoluent. Enjeu : préparer les sociétés aux vagues de chaleur.

Publié le 11 septembre 2023

​​« Les vagues de chaleur font partie des évènements climatiques extrêmes les plus impactants dans le monde et en Europe, notamment du fait de leur augmentation en fréquence et intensité avec le changement climatique anthropique », indiquent Robin Noyelle et Davide Faranda, climatologues au LSCE. Le dépassement de certains seuils de température peut en effet avoir des conséquences majeures pour les organismes vivants – dont les corps humains – ainsi que les systèmes techniques, par exemple les infrastructures de transport ou nucléaires. La capacité de prédire et d'anticiper les intensités maximums des vagues de chaleur est donc cruciale pour l'adaptation des sociétés.

Pour évaluer les risques d'évènements climatiques, une méthode classique repose sur l'application de la théorie des valeurs extrêmes à des statistiques de températures passées. Cela permet de définir un «​ pire scénario »​ à partir duquel se préparer en se basant sur les valeurs maximales attendues. Dans une récente étude, les chercheurs ont utilisé une approche basée sur la physique des phénomènes atmosphériques, montrant que cette valeur statistique maximale est probablement sous-estimée de plusieurs degrés, même à l'heure actuelle. « En d'autres termes, on ne peut pas exclure que les températures atteignent 50°C à Paris, même dans les conditions climatiques actuelles. Il faut noter que cela reste néanmoins extrêmement improbable », poursuivent Yi Zang et Pascal Yiou.

En cause, l'assèchement des sols

La présente étude a consisté à analyser l'évolution de la température maximale théorique entre des conditions anticycloniques passées (entre 1940 et 1980) et présentes (entre 1981 et 2021), analogues à celles de l'évènement record de 2019 en Europe de l'Ouest – événement pour lequel la station de Paris Montsouris a enregistré un record absolu de près de 42,6°C. « Nous montrons que la température maximale théorique imposée par la circulation atmosphérique en moyenne altitude change assez peu entre les deux périodes alors que les températures maximales au sol augmentent fortement (entre 2 et 3°C selon les régions) ». Cette augmentation est probablement due à des phénomènes locaux d'amplification des températures extrêmes, en particulier l'assèchement des sols (liés à l'augmentation des températures moyennes avec le réchauffement climatique).

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