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L’IRM de diffusion au service du dépistage du cancer du sein


​Denis Le Bihan et deux co-autrices défendent dans leur ouvrage une approche alternative reposant sur l'imagerie IRM de diffusion pour dépister efficacement le cancer du sein.
Publié le 12 septembre 2022

Le cancer du sein est la principale cause de cancer chez les femmes, avec un énorme impact médical, social et économique.

Avec l'avènement du dépistage généralisé du cancer du sein par mammographie, une méthode relativement bon marché et largement disponible, la détection des lésions mammaires a augmenté dans le monde entier, et le cancer du sein est maintenant une maladie hautement curable lorsqu'elle est diagnostiquée et traitée à un stade précoce.

Un problème important, cependant, est que l'on ne peut souvent pas prédire sur les mammographies si les lésions sont malignes et nécessitant un traitement actif.

À l'heure actuelle, la sensibilité de la mammographie pour la détection précoce du cancer n'est que de 55 %, ce qui fait que l'on peut passer à côté de lésions importantes du point de vue du pronostic, tandis que certaines patientes présentant des lésions bénignes sont traitées agressivement comme si elles allaient développer un cancer invasif.

En outre, l'exposition répétée aux rayons X pourrait poser problème, étant donné la découverte récente que le tissu mammaire est plus sensible aux effets des radiations que la plupart des organes.

L'IRM standard pas assez sensible

Parmi les autres méthodes d'imagerie, l'IRM jouit clairement d'une sensibilité et une spécificité bien plus élevées, et l'IRM du sein est la référence pour l'investigation et la gestion des lésions suspectes révélées par la mammographie.

Malgré ces performances, l'IRM, qui ne repose pas sur les rayons X, n'est pas utilisée pour le dépistage, sauf pour une catégorie de femmes à risque bien définie, en raison de son coût élevé et de sa disponibilité limitée.

En outre, l'approche standard de l'IRM du sein repose sur l'injection d'agents de contraste à base de gadolinium, qui ont leurs propres contre-indications et peuvent donner des dépôts de gadolinium dans les tissus, y compris le cerveau, lorsque les examens sont répétés.

L'IRM de diffusion de plus en plus utilisée en oncologie

L'IRM de diffusion, qui fournit des informations sur la microstructure des tissus et la perfusion tumorale sans avoir recours à des agents de contraste, s'est révélée plus spécifique que l'IRM à base de gadolinium, avec toutefois une sensibilité un peu inférieure, mais restant bien supérieure à celle de la mammographie.

L'IRM de diffusion, qui a été inventée par Denis Le Bihan dans les années 1980 et qui est utilisée dans le monde entier en pratique clinique, principalement en neurologie (diagnostic des accidents vasculaires cérébraux en urgence, tractographie des fibres de la substance blanche du cerveau avec la variante d'imagerie par tenseur de diffusion), est maintenant de plus en plus utilisée en oncologie. Elle apparaît ainsi comme une approche alternative prometteuse pour le dépistage du cancer du sein, avec pour objectif principal d'éliminer avec une très forte probabilité l'existence d'une lésion potentiellement mortelle.

Ce point de vue est soutenu avec enthousiasme par un comité international (UE, Ètats-Unis, Asie) d'experts en imagerie du sein nommé par la Société européenne d'imagerie du sein (EUSOBI) sous la présidence des Profs. Denis Le Bihan et Julia Camp-Herrero.

L'ouvrage, coédité par Denis Le Bihan, Mami Iima (radiologue à l'Université de Kyoto) et Savannah Partridge (physicienne à l'Université de Seattle), rassemble les contributions des experts mondiaux du domaine.

Comment mettre en œuvre l'IRM de diffusion

L'ouvrage fournit les connaissances et les directives nécessaires pour savoir quand et comment utiliser l'IRM de diffusion dans la prise en charge des lésions mammaires, du diagnostic au suivi du traitement, et pour prévoir les développements à venir. Une section spéciale du livre a été consacrée aux fabricants d'IRM qui présentent ce dont ils disposent sur leurs systèmes.

Une autre question importante est que l'accessibilité et le rapport coût-efficacité des examens IRM doivent s'améliorer considérablement, ce qui pourrait devenir possible avec le développement d'unités IRM dédiées au dépistage du cancer du sein opérant à faible champ magnétique. Si l'on pouvait disposer d'un tel scanner IRM dédié au sein, petit et peu coûteux, voire mobile, l'IRM pourrait être utilisée comme modalité d'imagerie de dépistage, pour un plus grand nombre de femmes, par exemple celles qui ont des seins denses ou des antécédents familiaux de cancer du sein.

En collaboration avec l'Irfu, Denis Le Bihan étudie actuellement la faisabilité d'un prototype d'IRM mammaire.

Diffusion MRI of the Breast, de Mami Iima, Savannah Partridge, Denis Le Bihan, aux éditions Elsevier

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