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Résultat scientifique | Toxicologie

Bisphénol A : des substituts douteux


​Le bisphénol A, désormais interdit dans les contenants alimentaires, est parfois remplacé par les bisphénols S et F. Or une équipe du CEA-IRCM vient de montrer que ces derniers sont eux-aussi potentiellement dangereux…

Publié le 15 janvier 2015

​Banni des biberons européens depuis 2011, le bisphénol A est aujourd’hui interdit dans tout conditionnement alimentaire en France. Ce composé chimique très utilisé, entrant dans la composition de matières plastiques et de résines, est en effet  un perturbateur endocrinien1. Il induit des effets néfastes sur des organes comme la glande mammaire ou le cerveau et des fonctions comme la reproduction ou  le métabolisme énergétique. Qui plus est, il traverse la barrière placentaire et a un impact maximal durant la vie fœtale. L’industrie des matières plastiques, devant lui trouver des substituts, expérimente ou utilise déjà deux composés de structure proches : les bisphénol S et F, qui ne font l’objet d’aucune réglementation. Or leur dangerosité, jamais testée à ce jour chez l’Homme ni l’animal, est inconnue.

Une équipe de l’IRCM2 a développé et utilise depuis plusieurs années le Fetal Testis Assay (FeTA). Ce test consiste observer l’effet de divers produits chimiques sur le développement et les fonctions de testicules fœtaux, humains ou de rongeurs, maintenus en culture. Les chercheurs ont ainsi prouvé pour la première fois, en  2012, que le bisphénol A inhibe la production de testostérone, et ce à des doses équivalentes à la concentration moyenne de bisphénol A généralement retrouvée dans le sang, les urines et le liquide amniotique de la population3. Or un défaut de la production de testostérone pendant la vie fœtale peut entraîner un défaut de masculinisation et risque vraisemblablement de se traduire par une altération de la production spermatique à l'âge adulte.

Reprenant le même type d’étude avec les bisphénols S et F, cette équipe vient de montrer que ces produits réduisent également la production de testostérone des testicules fœtaux ! C’est la première fois qu’un effet délétère sur une fonction physiologique est démontré pour ces composés, chez l’Homme comme chez le rongeur. Les chercheurs plaident donc pour une évaluation urgente de leur impact sanitaire.


  1. Composé altérant le fonctionnement du système hormonal
  2. Le Laboratoire de Développement des Gonades
  3. Differential Effects of Bisphenol A and Diethylstilbestrol on Human, Rat and Mouse Fetal Leydig Cell Function

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