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Quand le foie détraque le cerveau


​Les patients atteints d'encéphalopathie hépatique développent des complications neurologiques qui peuvent être de gravités très différentes, depuis des formes bégnines jusqu'au décès du malade. Des chercheurs du CEA-Ibitecs et leurs partenaires proposent des outils pour mieux comprendre cette pathologie et en différencier le pronostic pour chaque patient.

Publié le 10 novembre 2016

L'encéphalopathie hépatique intervient le plus souvent suite à une cirrhose. Les complications neurologiques peuvent être bénignes ou beaucoup plus graves avec formation d'un œdème cérébral (pronostic sévère), voire mortelles (pronostic létal). La prise en charge des patients est uniquement symptomatique et le mécanisme physiopathologique de la maladie est encore mal connu. Il est communément admis que la combinaison d'un taux intracérébral élevé d'ammoniaque, d'une réponse inflammatoire et d'une altération de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique en sont à l'origine.

Une équipe du CEA-Ibitecs, en collaboration avec l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière-Charles Foix et la société MedDay Pharmaceuticals, a conduit une étude métabolomique du liquide céphalorachidien de patients atteints d'encéphalopathie hépatique. Ce type d'analyse permet de recenser l'ensemble des métabolites pour tracer une image globale du métabolisme cérébral. Pour y arriver, les chercheurs ont couplé les techniques de chromatographie liquide et de spectrométrie de masse à haute résolution. « En comparant des échantillons de patients avec des échantillons sains, nous avons identifié 73 métabolites [1] dont les concentrations sont modifiées par la pathologie», explique Christophe Junot, chef de service au CEA-Ibitecs et coordonnateur de l'étude. L'analyse de cette signature métabolique donne plusieurs pistes pour comprendre les mécanismes de l'encéphalopathie hépatique, par exemple par un dysfonctionnement du cycle de Krebs qui assure la plus grande part des besoins énergétiques de la cellule. « Nos données indiquent aussi que les concentrations de certains métabolites corrèlent avec les scores d'atteintes hépatique et neurologique », précise le biochimiste.

Ces résultats montrent que l'analyse métabolomique du liquide céphalorachidien pourrait permettre de différencier le pronostic pour les patients atteints d'encéphalopathie hépatique. Ils pourraient également fournir des biomarqueurs pour évaluer l'efficacité de nouveaux traitements.


[1] principalement des acides aminés, des nucléosides, et des acylcarnitines

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