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Résultat scientifique | Cognition

Autisme : un éclairage inédit grâce à l'IRM


Une étude à laquelle l'Institut Frédéric-Joliot a participé remet en question le modèle théorique dominant sur les troubles du spectre autistique.

Publié le 16 novembre 2018

​Des anomalies du développement du cerveau, concernant notamment la formation des réseaux neuronaux et le fonctionnement des synapses, pourraient participer à la survenue de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Dans le cadre du programme scientifique InFoR-Autism, une étude de neuroimagerie IRM impliquant la Fondation FondaMental, l’Inserm, NeuroSpin (Institut Frédéric-Joliot du CEA) et l’APHP (Hôpitaux universitaires Henri Mondor) s’est intéressée aux liens entre la connectivité anatomique locale et la cognition sociale chez des personnes présentant des TSA.

Selon Josselin Houenou, professeur de psychiatrie à l’UPEC, Inserm U955 et praticien aux Hôpitaux universitaires Henri Mondor, beaucoup d'études de neuroimagerie menées ces dernières années, qui ont servi de base à l’élaboration d’un modèle théorique de compréhension des TSA, sont limitées. « Ce modèle repose sur l’étude de populations pédiatriques hétérogènes, comprenant des enfants autistes d’âges variables et à la symptomatologie très variée, et sur des méthodes de neuroimagerie peu spécifiques ne permettant pas de mesurer avec fiabilité la connectivité ‘’courte distance’’ », précise-t-il. 

Afin de tester le modèle actuel, les auteurs de cette étude ont utilisé une innovation conçue par Miguel Gevara, Jean-François Mangin et Cyril Poupon à NeuroSpin, à savoir un atlas spécifiquement dédié à l’analyse par tractographie de 63 connexions « courte distance » à partir d’images obtenues par IRM de diffusion (IRMd). L’IRMd permet de mettre en évidence in vivo les faisceaux de matière blanche du cerveau en mesurant la diffusion des molécules d'eau, notamment le long des axones. Il est alors possible par tractographie de reconstituer de proche en proche les trajets des faisceaux de fibres nerveuses représentés sous la forme d'un tractogramme. 

Les auteurs ont pu ainsi étudier les liens entre la connectivité « courte distance » et la cognition sociale chez une population adulte homogène de personnes présentant des TSA, issues de la cohorte InFoR-Autism. Les résultats  montrent que les sujets souffrant de TSA présentent une diminution de la connectivité dans 13 faisceaux « courte distance », en comparaison avec les sujets contrôles. De plus, cette anomalie de la connectivité des faisceaux « courte distance » est corrélée au déficit de deux dimensions de la cognition sociale (à savoir, les interactions sociales et l’empathie) chez les sujets présentant des TSA.

Visualisation en 3D des faisceaux « courte distance » © Miguel Guevara


Ces résultats préliminaires sont bel et bien en opposition avec le modèle théorique actuel selon lequel le défaut d’attention sociale et de traitement de l’information chez les personnes présentant des TSA s’explique par une augmentation de la connectivité neuronale entre des zones cérébrales adjacentes. "Si ces premières conclusions étaient confortées, cela permettrait d’envisager le développement de nouvelles approches thérapeutiques pour les déficits de la cognition sociale, souligne Josselin Houenou. Par exemple, la stimulation magnétique transcrânienne pourrait être utilisée car la connectivité cérébrale entre des zones adjacentes est localisée en superficie du cerveau ». 

Cette étude a fait l'objet d'un communiqué de presse.

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