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L’éléphant de forêt, gardien de la biodiversité et du climat


​Aujourd'hui décimés, les éléphants de forêt ne sont plus assez nombreux pour entretenir les forêts tropicales africaines qui ne peuvent plus stocker autant de carbone qu'auparavant. Il devient urgent de rétablir cette précieuse espèce dans son habitat !

Publié le 15 juillet 2019

L'éléphant de forêt était autrefois une espèce très répandue en Afrique centrale et occidentale mais la chasse non durable à l'ivoire, combinée à la destruction des habitats, a eu pour effet de décimer les populations depuis la colonisation de l'Afrique de l'Ouest par les Européens. Il ne reste aujourd'hui que 10 % de leur effectif d'origine.

Des chercheurs ont émis l'hypothèse que les éléphants de forêt « façonnent » les forêts en dispersant les graines et en piétinant les petits arbres, ce qui permet aux plus grands arbres d'atteindre des tailles plus importantes et de retenir davantage de biomasse.

Pour vérifier cette hypothèse, les scientifiques ont effectué des mesures dans des forêts du bassin du Congo. Ils ont comparé le nombre et la taille des arbres de différentes forêts, certaines abritant des éléphants et d'autres, non. Leurs données confirment qu'en présence d'éléphants, les forêts comptent davantage de grands arbres et présentent une plus grande abondance d'espèces « hard-wood » (arbres à forte teneur en carbone). Cependant, ces effets de long terme sont difficiles à observer sur le terrain.

C'est pourquoi les chercheurs ont simulé numériquement l'impact des éléphants sur les forêts à l'échelle d'un siècle. « Les éléphants de forêt sont des gestionnaires naturels de forêts qui éclaircissent les forêts en élaguant ou en enlevant les petits arbres, ce qui augmente la croissance des grands arbres et la production de boisé » explique Fabio Berzaghi du LSCE, qui a dirigé l'étude.

A contrario, le déclin continu des éléphants de forêt dans les forêts d'Afrique centrale conduit à l'accumulation de petits arbres à faible teneur en carbone (« soft-wood »). Ces forêts pourraient perdre jusqu'à trois milliards de tonnes de carbone, soit l'équivalent de plusieurs années d'émissions globales de CO2. L'impact serait à la fois local et global.

Il est heureusement possible de renverser cette tendance en protégeant les éléphants de forêt. Le retour de ces populations serait à la fois positif pour le stockage du carbone et pour l'intégrité des écosystèmes et la valeur de la biodiversité des forêts humides africaines. En dispersant les graines dans la forêt, ils favorisent la germination de plus de cent espèces d'arbres qui fournissent nourriture et habitat aux primates, oiseaux et insectes.  

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