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Le suivi en temps quasi-réel des émissions de CO2 révèle les effets de la pandémie de Covid-19


​Une équipe internationale impliquant le LSCE (CEA-CNRS-UVSQ) publie une évaluation des émissions de CO2 par l'industrie, les transports et d'autres secteurs de janvier à juin 2020. Les mesures de confinement liées à la pandémie ont entraîné une baisse de 9 % des émissions sur cette période par rapport à 2019.

Publié le 21 octobre 2020

Une étude précédente parue en juin signalait une baisse de plus de 7 % des émissions de CO2 pour la période de janvier à avril 2020 par rapport à l'année précédente (Lire Le site Carbon Monitor révèle la réduction des émissions journalières de CO2 pendant la Covid-19).

Les chercheurs ont actualisé et approfondi cette évaluation pour la période de janvier à juin. Leurs nouvelles données, toujours consultables sur le site de Carbon Monitor, conduisent à une baisse de 9 %, en retrait de 17 % par rapport à leur étude précédente.  

La nouvelle étude donne une image encore plus claire qu'auparavant de l'impact atmosphérique des mesures de confinement de 2020 en fournissant des estimations des différences quotidiennes, sectorielles et nationales des émissions de CO2, dérivées de sources de données fréquemment mises à jour (en temps quasi-réel pour beaucoup d'entre elles).

« Nous avons pu suivre les effets en cascade de la perturbation des activités humaines liée à la Covid-19, de la Chine en février aux États-Unis et en Europe, de mars à mai, explique Philippe Ciais, chercheur au LSCE. Nous avons également pu constater la reprise des émissions dans de nombreuses régions, comme en Chine, où elles sont maintenant revenues aux niveaux d'avant la pandémie. »

Les émissions pour les Amériques et l'Europe ont été plus lentes à se rétablir, en particulier aux États-Unis, où les cas de Covid-19 ont continué à se manifester tout au long de l'été et à l'automne.

La baisse des émissions de carbone est principalement due au transport car le nombre de personnes se rendant au travail en voiture et voyageant en avion a diminué. Les émissions du transport terrestre ont chuté de 19,2 % entre 2019 et 2020 et celles de l'aviation de 37,4 %, au cours de la même période.

Les chercheurs montrent que même si les confinements se sont allégés dans le monde à la fin du printemps, les émissions des transports en juin étaient encore 16 % plus basses qu'un an auparavant, ce qui révèle que la mobilité humaine et les habitudes sont restées durablement affectées.

La consommation d'électricité des ménages s'est maintenue pendant les confinements liés au coronavirus, de sorte que les émissions de carbone du secteur de l'électricité n'ont diminué que d'environ 6 % quand celles de l'industrie baissaient de 6,5 %.

À l'échelle régionale, la plus forte baisse a eu lieu aux États-Unis, qui ont émis 530 millions de tonnes de CO2 de moins au cours de la période d'évaluation, soit une baisse de 13 %. Les émissions de la Chine ont diminué de 227 millions de tonnes (5,4 %) et celles de l'Inde de 177 millions de tonnes (16 %).

François-Marie Bréon et Frédéric Chevallier, également co-auteurs de l'étude et chercheurs au LSCE, soulignent qu'en utilisant des données à jour à partir d'une liste élargie de sources, ce « tableau de bord » produit une image plus claire des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. « C'est une avancée que notre méthode permette de surveiller les émissions au quotidien. Nous pouvons même voir pour la première fois les effets des week-ends et des vacances, insistent-ils. Et à l'avenir, ce sera un outil puissant pour suivre le caractère écologique des initiatives de relance économique liée à la Covid-19 et d'autres efforts pour réduire les émissions. »

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