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Menaces agricoles sur la dégradation des sols


​A partir de prélèvements de sédiments en Uruguay, une équipe du LSCE alerte sur la menace que fait peser l'expansion de l'agriculture intensive, notamment celle de la culture du soja, sur la fertilité des sols et la dégradation des ressources en eau.

Publié le 16 février 2023

​Dans différentes régions du monde, les changements d'occupation des sols impactent les prairies et forêts primaires. Si l'Amazonie, avec la conversion fulgurante de sa forêt en zones agricoles est un exemple, très médiatisé, il n'est hélas pas le seul. D'où l'idée de chercheurs du LSCE et de l'Université de la République de Montevidéo de s'intéresser à la pampa uruguayenne, dont les conséquences environnementales de l'expansion de l'agriculture, notamment des champs de soja pour nourrir le bétail, sont peu documentées.

C'est en aval de deux bassins versants agricoles drainant la rivière Rio Negro, dans deux lacs-réservoirs, que l'équipe a prélevé des carottes sédimentaires. Différentes analyses ont été effectuées au LSCE[1] et sur la plateforme Doséo[2] de l'institut List du CEA pour reconstruire les flux de sédiments, marqueurs de l'érosion des sols, et identifier les sources de cette érosion.

Les résultats démontrent l'occurrence de deux périodes d'accélération de l'apport sédimentaire dans ces lacs : la première est datée au milieu des années 1990, en lien avec le lancement des programmes de plantations d'eucalyptus et de pins ; la seconde, plus importante, est enregistrée après les années 2000 durant l'expansion de la culture du soja devenue plus rentable en Uruguay qu'en Argentine.

Accumulation de sédiments en aval, érosion des sols en amont

Au-delà des conséquences directes sur la biodiversité et la contamination des sols et des eaux par les pesticides et les fertilisants, cette expansion agricole affecte directement la cascade sédimentaire. Laquelle menace en retour la durabilité des sols et les ressources en eau, tel que le détaille Anthony Foucher du LSCE : « Les sédiments accumulés dans les réservoirs proviennent des sols cultivés, dont l'érosion se traduit alors par une perte de leur partie fertile, de leur capacité de stockage d'eau ainsi que de leur teneur en matière organique. Or, pour maintenir les rendements, les agriculteurs ont et vont avoir de plus en plus besoin d'utiliser des intrants, souvent à base de phosphate et d'azote, qui peuvent dégrader la qualité des sols et de l'eau (par eutrophisation). C'est un cercle vicieux ».


A présent, les chercheurs et des collègues de l'Université Fédérale du Rio Grande do Sul analysent un autre réservoir qui draine une région agricole du sud du Brésil. Cette fois, il s'agira non seulement de reconstruire les flux sédimentaires mais aussi d'évaluer les teneurs en pesticides ainsi que les changements de biodiversité, grâce à des analyses d'ADN environnemental, durant la période d'expansion agricole des dernières décennies.

[1] Caractérisation de la matière organique, géochimie par spectrométrie de fluorescence des rayons X. [2] Mesures par tomographie scanner.

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