Le CPNPC (cancer du poumon non à petites cellules) est la forme de cancer du poumon la plus commune (90% des cas) mais elle est très difficile à détecter de manière précoce. L'apparition et le développement de ce type de cancer est associé entre autres à une perturbation du fonctionnement et de l'expression de canaux ioniques, ce qui pourrait servir de piste pour une détection de la maladie. Des chercheurs de l'institut Joliot (CEA) proposent ainsi d'utiliser une toxine issue du venin d'une araignée car elle agit sur certains de ces canaux ioniques.
Cibler spécifiquement un canal ionique afin de localiser le cancer du poumon
Des milliers de neurotoxines peptidiques présentes dans les venins d'animaux peuvent interagir spécifiquement avec certains sous-types de canaux ioniques. Ce le cas de de l'huwentoxine-IV : issue du venin d'une araignée du sud de la Chine (Cyriopagopus schmidti), elle cible avec une forte affinité le sous-type de canal sodique hNav1.7, surexprimé dans le CPNPC.
Une équipe du SIMoS (DMTS), en collaboration avec l'institut du thorax (Université de Nantes) et la société Smartox Biotechnology (Saint-Egrève), a mis en place une expérience in vitro afin de tester le potentiel de diagnostic qu'offre l'huwentoxine-IV. Après avoir vérifié la surexpression et la fonctionnalité du canal hNav1.7 dans des lignées cellulaires de CPNPC (dont une métastatique) et démontré les propriétés fonctionnelles des huwentoxines naturelle (HwTx-IV) et fluorescente (HwTx-IV-Cy5) synthétisées chimiquement, les chercheurs ont utilisé l'HwTx-IV-Cy5 pour localiser en microscope confocale les canaux hNav1.7 exprimés au niveau des membranes plasmiques des cellules de CPNPC.
L'ensemble de ces résultats ouvre la voie à l'exploitation de l'HwTx-IV-Cy5 comme agent d'imagerie pour la détection du CPNPC dans des modèles précliniques et suggère qu'une version radiomarquée de l'HwTx-IV (18F-HwTx-IV) pourrait être utilisée en TEP afin de confirmer l'intérêt de ce peptide comme outil dans une stratégie de diagnostic précoce du CPNPC.