Une révolution silencieuse est en cours dans le monde du calcul scientifique. Ruby, un processeur quantique développé par la startup française Pasqal, basé sur des atomes neutres, est en cours de déploiement au Très Grand Centre de calcul du CEA (TGCC). Les atomes neutres, utilisés dans Ruby, sont piégés à l'aide de lasers pour former des qubits. Contrairement à d'autres technologies, ces atomes ne portent pas de charge électrique.
Déployé par le Grand équipement national de calcul intensif (GENCI) dans le cadre du programme européen HPCQS et de la stratégie quantique nationale, Ruby a atteint le piégeage de 35 atomes en mars et vise les 100 qubits très prochainement. Une équipe de l'Institut de Physique théorique (IPHT) a mené le tout premier test applicatif avec le Many-body Quantum Score, un outil d'évaluation des performances d'un processeur quantique qui est basé sur la résolution d'un problème quantique complexe. Ainsi, pour la première fois au niveau mondial, une application impliquant un processeur à atomes neutres a été réalisée en dehors du cadre expérimental d'un laboratoire.
Cette avancée marque également une étape importante pour le projet BACQ, au sein du programme MetriQs-France, qui vise à développer des benchmarks pour les ordinateurs quantiques. Le benchmarking joue un rôle essentiel dans l'évaluation des technologies émergentes, en fournissant aux utilisateurs des protocoles objectifs et reproductibles pour comparer les performances de différentes machines et leurs évolutions.
Avec cette réalisation majeure pour le TGCC, le calcul quantique franchit une étape, sortant progressivement du cadre expérimental pour aller vers celui des premières applications. Le développement de benchmarks constitue aussi une brique nécessaire vers l'établissement de normes internationales, positionnant le CEA et la France comme des acteurs de premier plan dans ce domaine.