Le mésusage et l'addiction aux
opioïdes, tels que la
morphine, représentent un problème de santé publique majeur. Le
phénomène de tolérance, c'est-à-dire la
sensibilité réduite aux effets des opioïdes associée à leur usage prolongé, est considéré comme un facteur déterminant de risques, notamment d'overdose. Quels sont les mécanismes moléculaires et cellulaires mis en jeu dans la tolérance ? Classiquement, on considère qu'elle est
liée à la diminution de la disponibilité des récepteurs opioïdes mu et à la perturbation de la voie de signalisation des opiacés affectant le couplage récepteur mu et effecteurs.
Peut-on rendre compte de ces déterminants moléculaires ?
Des chercheurs de
l'équipe neuroimagerie pharmacologique de BioMaps (SHFJ) ont mis en place un
modèle animal (rongeur)
de tolérance à la morphine induite par administration de la substance pendant quelques jours suivie d'un sevrage et ont notamment réalisé deux types d'examens d'imagerie :
- Un examen
TEP couplé à une compétition pharmacologique entre la
buprénorphine, un agoniste de la morphine au niveau des récepteurs mu,
et son analogue marqué au carbone-11 ; avec ce test mis au point et validé par l'équipe (voir l'actualité de 2021, L’imagerie TEP révèle la neuro-pharmacologie de la buprénorphine), les chercheurs
montrent une réduction du nombre de récepteurs opioïdes mu disponibles dans certaines zones du cerveau des animaux tolérants par rapport à des animaux contrôle ;
- Un autre examen
TEP au FDG marqué au fluor-18 qui met en évidence une
perturbation du métabolisme cérébral du glucose chez les animaux tolérants.
Leur approche permet de révéler et quantifier ces modifications, ce qui en fait des
marqueurs potentiels de la tolérance. Elle pourrait ainsi permettre de mieux diagnostiquer, suivre et traiter la tolérance aux opioïdes chez l'humain.
Contact Institut des sciences du vivant Frédéric-Joliot