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Cirrhose décompensée : l’organisme rebat les cartes


Parfois, l’organisme ne peut plus compenser un dysfonctionnement du foie en cas de cirrhose. Une étude européenne impliquant des chercheurs du CEA-Joliot montre que cet état induit un remaniement du métabolisme pour fournir le carburant nécessaire à la réponse inflammatoire.

Publié le 2 février 2021
L’ACLF, pour Acute‑on‑Chronic Liver Failure, est une forme sévère de cirrhoses décompensées. Elle entraîne la défaillance d’un ou plusieurs organes ou fonctions. Outre le foie, les reins, le cerveau, le système circulatoire et/ou le système respiratoire peuvent cesser de fonctionner normalement. L’ACLF touche environ 30% des patients hospitalisés pour une cirrhose décompensée et est associée à une mortalité élevée (>20% à 28 jours).

Les scientifiques font un constat : il existe une très forte hétérogénéité dans le développement et l’évolution de ces maladies et font l’hypothèse que des prédispositions génétiques et/ou des infections peuvent augmenter le risque de cirrhose décompensée et aggraver le pronostic. De ce constat sont nés deux consortiums auxquels participent le CEA- Joliot : MICROB-PREDICT et DECISION4LIVER, placés sous l’égide de la Fondation européenne pour l’étude de la défaillance chronique du foie (EF-CLIF).

Quelles pistes sont explorées pour mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques des cirrhoses décompensées, surtout les ACLF, afin de découvrir des marqueurs spécifiques et identifier de futures cibles thérapeutiques ? Parmi les pistes suivies, les biologistes tentent de déterminer les changements d’ordre métabolique associés à l’inflammation systémique dans l’ACLF. Ils s’intéressent particulièrement aux acides  aminés circulant dans le sang en utilisant des données de métabolomique de 831 personnes atteintes d’une cirrhose décompensée accompagnée ou non de complications aiguës (ACLF). Ils montrent que le métabolisme des muscles squelettiques s’intensifie, entraînant la mobilisation d'acides aminés, qui, avec le glucose, participent à une synthèse accrue de nucléotides et de protéines, vraisemblablement dans le système immunitaire inné activé. Finalement, tout se passe comme si le système était reprogrammé pour fournir le carburant nécessaire à la réponse inflammatoire systémique intense.

L’étude conclut sur l’intérêt d’évaluer dans le futur le bénéfice potentiel de certains apports nutritionnels pour diminuer l’inflammation systémique et restaurer la fonctionnalité de plusieurs organes chez les patients atteints d’ACLF.


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