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Restaurer les zones humides pour réduire les émissions de carbone mondiales


​La préservation des zones humides est un levier efficace pour réduire les émissions de carbone dans l'atmosphère. Cette stratégie déployée à l'échelle globale d'ici à 2100 conduirait à une absorption de carbone représentant le dixième des émissions anthropiques actuelles.  
Publié le 10 octobre 2022

Les zones humides comme les tourbières ou les mangroves ont un bilan carbone très favorable. Si elles émettent du méthane (CH4) et de l'oxyde nitreux (N2O), elles absorbent le CO2 atmosphérique et le stockent naturellement en très grande quantité. Bien qu'elles ne couvrent que 6 % des terres de la planète, elles contiennent près d'un tiers du carbone terrestre. Quand ces zones humides sont asséchées ou brûlées pour développer l'agriculture ou de l'urbanisation, elles relâchent dans l'atmosphère le CO2 stocké pendant des siècles.

Des chercheurs ont voulu déterminer l'impact en termes d'émissions de gaz à effet de serre de la destruction des zones humides entre 2021 et 2100, à l'échelle globale.

Pour cela, ils ont observé in situ les échanges de CO2, CH4 et N2O entre les sols des zones humides et l'atmosphère.

En extrapolant la trajectoire actuelle des dégradations des zones humides entre 2021 et 2100, les scientifiques estiment que ces dégradations pourraient entraîner des émissions nettes de gaz à effet de serre équivalant à 408 gigatonnes de CO2.

Toutefois, cet excédent, d'environ 10 % des émissions anthropiques de CO2 sur la période considérée, pourrait être réduit par la restauration des zones humides, de sorte que les émissions de CH4 et de N2O des zones humides préservées soient entièrement compensées par l'absorption de CO2.  

L'équipe de recherche a construit une base de données de flux nets de gaz à effet de serre pour étudier l'impact de la dégradation passée des zones humides. Elle a eu la surprise de constater que celle-ci a entraîné une émission nette de gaz à effet de serre de 276 gigatonnes d'équivalent CO2 entre 1950 et 2020.

La baisse du niveau de l'eau altèrera les conditions anaérobies dues à la saturation du sol en eau et la masse de matières organiques, longtemps séquestrée, se décomposera jusqu'à épuisement. Ce processus s'accompagnera d'importantes émissions de CO2 et N2O.

Dans les régions tropicales, les émissions de CO2 et N2O baisseront de 155 Gt à 99 Gt mais celles des régions boréales deviendront la principale source d'émissions, passant de 108 Gt à 290 Gt.

Deux scénarios de réduction des émissions ont été simulés :

  • inverser la tendance à la dégradation des zones humides en restaurant uniquement les zones humides à forte teneur en carbone organique du sol ;
  • restaurer toutes les zones humides dégradées.

Ils permettent de réduire les émissions de carbone des zones humides de 38 % et 63 % respectivement. Cette dernière option représente un puits de carbone équivalant à 10 % des sources anthropiques actuelles de CO2

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