Les anticorps monoclonaux (mAbs) sont des protéines produites par les lymphocytes B qui permettent de cibler un agent pathogène particulier de manière très efficace. Il y a 50 ans, des chercheurs mettaient au point la première méthode de production en masse d'anticorps monoclonaux, appelée technologie des hybridomes : Elle consiste à injecter chez l'animal l'antigène non toxique contre lequel on souhaite obtenir des anticorps afin qu'il fabrique les lymphocytes B producteurs de l'anticorps correspondant. Ces lymphocytes B sont ensuite prélevés pour être fusionnés avec des cellules cancéreuses immortalisées issues de la même lignée animale et appelées « myélomes ». De cette fusion résultent des cellules hybrides à la fois immortalisées (donc stables) et productrices d'anticorps monoclonaux : les hybridomes.
Cette invention a bouleversé la recherche biomédicale en permettant le développement de nombreuses immunothérapies, tests diagnostiques et outils de laboratoire encore utilisés aujourd'hui. D'autres progrès ont depuis été réalisés afin de réduire le recours aux animaux dans les protocoles de production d'anticorps monoclonaux mais cette approche présente toujours des limites car les rendements de fusion entre les cellules productrices d'anticorps et les cellules de myélome sont faibles.
Afin d'améliorer ces rendements et d'augmenter la production de nouveaux anticorps, des biologistes du Service de Pharmacologie et d'Immunoanalyse (CEA-Joliot) ont travaillé sur les deux limitations principales, à savoir : le mélange aléatoire entre cellules de myélome et cellules issues de rate de souris immunisées ainsi que la faible efficacité du processus de fusion classiquement utilisé (polyéthylène-glycol).
Sélectionner les meilleurs lymphocytes B avant l'hybridation
La nouvelle méthode consiste d'abord à identifier les cellules productrices d'anticorps (ASCs) les plus susceptibles de s'apparier, en recourant à la cytométrie en flux (méthode d'analyse qui permet de caractériser et compter des cellules en suspension dans un flux liquidien, tel que le sang) avec un panel de cinq marqueurs de surface et des tests de sécrétion d'anticorps. Pour l'étape suivante, les biologistes ont mis au point une nouvelle stratégie qui combine le tri cellulaire et l'électrofusion (méthode de préparation des cellules hybrides pour la thérapie humaine) en ciblant les ASCs les plus prometteuses.
Les chercheurs CEA-Joliot ont ainsi obtenu des hybridomes viables dans 100 % des cas, contre seulement 40 % pour l'électrofusion de cellules non triées. Cette optimisation de la technologie des hybridomes ouvre la voie à une nouvelle méthode de développement à haut rendement d'anticorps monoclonaux de haute affinité par fusion cellulaire. A terme, elle pourrait ainsi faciliter une utilisation plus large de cette technique fondamentale et, si elle devenait généralisée, contribuer à diminuer le nombre d'animaux nécessaires au développement et la sélection d'anticorps monoclonaux.
Voir aussi sur le site Joliot