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Nouvel espoir thérapeutique dans la lutte contre l’antibiorésistance


​​​​Face à l'essor de bactéries extrêmement résistantes aux antibiotiques, une équipe de chercheurs, dans le cadre d'une collaboration internationale impliquant le CEA-Jacob, a mis au point des anticorps monoclonaux capables de neutraliser une souche particulièrement virulente et résistante de Klebsiella pneumoniae. Leur découverte d'un anticorps protecteur efficace ouvre de nouvelles pistes pour prévenir et traiter ces infections sévères.

Publié le 5 novembre 2025

​​Au sein des Klebsiella pneumoniae (Kp), classées comme une priorité absolue par l'Organisation Mondiale de la Santé, le clone ST147 combine une résistance à quasiment tous les antibiotiques disponibles et un fort potentiel pathogène, provoquant notamment des pneumopathies et des bactériémies sévères à forte mortalité (supérieure à 30 %). Ce clone est reconnu comme étant à risque de dissémination mondiale de la résistance aux antibiotiques.

Pour répondre à cet enjeu majeur de santé​, des chercheurs de la Fondazione Toscana Life Sciences en collaboration avec l'unité RESIST (UMR-1184, CEA-Jacob) / Centre National de la Résistance aux Antibiotiques (Kremlin-Bicêtre), ont isolé plus de 200 anticorps monoclonaux (protéines du système immunitaire humain) issus de cellules immunitaires de patients ayant survécu à une infection par une souche de Kp ST-147 responsable d'une vaste épidémie en Italie. Parmi eux, une vingtaine ont présenté une excellente capacité à détruire la bactérie.

Deux grandes classes d'anticorps ont ainsi pu être identifiées :

  • Ceux qui ciblent la capsule polysaccharidique KL64 (enveloppe protectrice de la bactérie).
  • Ceux qui reconnaissent une autre structure de la membrane externe bactérienne, appelée O-antigène.

Bien que tous ces anticorps aient présenté une capacité à tuer la bactérie in vitro, seuls ceux qui ciblent la capsule KL64 ont protégé efficacement des infections in vivo (au sein d'organismes vivants). Cette protection s'explique notamment par la stimulation de la phagocytose – un mécanisme par lequel des cellules ingèrent les microbes et les digèrent – réalisées par les macrophages, des cellules clés du système immunitaire. Les chercheurs ont identifié un autre effet bénéfique de ces anticorps : leur aptitude à perturber la division bactérienne, c'est-à-dire la croissance de la cellule bactérienne.
@Roscioli et al, caractérisation microscopique de la liaison d'anticorps monoclonaux anti-Kp sur la souche ST147NDM1 in vitro

Les chercheurs ont évalué l'anticorps le plus prometteur sur un modèle de septicémie à Kp ST147 chez le rongeur. Ils ont ainsi montré qu'il réduisait significativement la charge bactérienne et améliorait la survie, aussi bien en prévention qu'en traitement. Il a également démontré son efficacité contre d'autres souches cliniques résistantes porteuses de la capsule KL64 (souches caractérisées par le Centre National de la Résistance aux Antibiotiques), confirmant que cette structure se révèle prometteuse pour lutter contre les formes les plus dangereuses de Kp.

@Roscioli et al, étude in vivo de l'efficacité de l'anticorps 08O09 contre la souche ST147NDM1

Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques basées sur des anticorps monoclonaux, utilisables en prophylaxie, c'est-à-dire administrés à des personnes qui ne sont pas encore infectées, ou en complément des antibiotiques. Ils soulignent également l'importance d'une approche multifonctionnelle pour garantir une protection efficace contre les infections causées par des bactéries multi-résistantes.​​​




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