La cérémonie durant laquelle le CNRS, le CEA et l'université de Fukushima se sont associés pour la création de Mitate Lab est l'aboutissement de 14 années de suivi pluridisciplinaire des suites de la triple catastrophe (tremblement de terre, tsunami, accident nucléaire) qui a frappé la région du Nord-Est du Japon en mars 2011. Depuis lors, une équipe, principalement franco-japonaise, dirigée par Cécile ASANUMA-BRICE (CNRS) et co-dirigée par Olivier EVRARD (CEA) et Yoshifumi WAKIYAMA (Université de Fukushima) a mené des études, abordant les questions relatives à ces territoires en transition profonde, tant du point de vue de la transformation des paysages, de leur occupation humaine et sociale, que de l'évolution de leur contamination ou des politiques de décontamination, à une échelle inédite.
Ce qui s'est produit à Fukushima est unique à l'échelle planétaire, tant par son ampleur que par sa complexité. En outre, il nous reste beaucoup à apprendre de cet évènement et de la gestion post-catastrophe qui a été mise en place. Cet accident et sa gestion se déroulent sur le temps long et ils nécessitent dès lors une appréhension pluridisciplinaire sur place. Il s'agit d'un événement dit NaTech, lors duquel un aléa naturel (séisme, tsunami, ...) a impacté une installation industrielle et provoqué un accident dont les conséquences ont porté atteinte aux personnes, aux biens et à l'environnement. L'ampleur de la situation à Fukushima justifie dès lors qu'un intérêt spécifique soit porté à cette étude de cas.
La direction de Mitate Lab a étudié la situation à Fukushima depuis 2011, sur place, et elle porte une attention particulière à la mise à disposition en accès libre des données générées par ses équipes de recherche. Mitate Lab, devenu IRL[1], facilite l'accès au terrain des chercheurs et étudiants qu'ils accueillent dans leur laboratoire à l'université de Fukushima. Celle-ci leur donne également l'accès aux laboratoires et équipements analytiques de l'Institut de Radioactivité Environnementale[2]. Au-delà de ses partenaires directs, Mitate Lab regroupe une trentaine de chercheurs principalement français et japonais, qui participent aux différentes activités : ateliers en ligne mensuels, sorties de terrain en groupe, colloques internationaux annuels organisés en France ou au Japon. Avec une production conséquente d'articles internationaux, Mitate Lab vise à promouvoir la recherche sur ce sujet, et celui des risques environnementaux, à l'échelle internationale.
La formation à la recherche est une priorité des porteurs de MITATE Lab. Le laboratoire accueille des stages de Master chaque année, 5 thèses de doctorat ont déjà été soutenues (et 2 autres en cours actuellement), et des post-doctorants ont été financés par des agences françaises ou japonaises (JSPS[3], 4 postdocs déjà finacés et un 5e vient de l'être).
Mitate Lab a également vocation à étendre ses thématiques de recherche aux autres risques environnementaux, comme les feux de forêts ou les désastres sédimentaires (glissements de terrain, érosion massive, etc.), qui suscitent de plus en plus d'intérêt de la part de la communauté scientifique internationale, le but étant d'améliorer notre compréhension de ces phénomènes et de trouver les réponses les plus pertinentes à leur gestion.